Festivals
samedi 6 octobre 2007
Projection/débat
Festivals
mercredi 15 août 2007
mercredi 4 juillet 2007
lundi 25 juin 2007
Projection exceptionnelle
jeudi 21 juin 2007
Extrait
Paris, 5 mars 1971. A la Mutualité, le professeur Lejeune tient un colloque contre l’avortement. L’écrivaine féministe Françoise d’Eaubonne propose à ses camarades du Mouvement de Libération des Femmes (MLF) d’y aller munies d’armes non conventionnelles : c’est le célèbre “commando saucisson”. Au lieu de se faire chasser, les militantes passent à l’attaque, armées de saucissons en guise de matraques. Le service d’ordre, composé de militants catholiques et d’extrême droite, est désemparé.
Teaser
Quelques images tirées de « La révolution du désir ». L’écrivaine féministe et l’une des fondatrices du FHAR, Françoise d’Eaubonne, chante « Le chant du FHAR », sur l’air de la célèbre chanson de Georges Brassens « La mauvaise réputation » (archive inédite, avec l’accord gracieux de Warner Chappell Music France).
mercredi 13 juin 2007
Communiqué de presse
La révolution du désir – 1970, la libération homosexuelle de Alessandro Avellis et Gabriele Ferluga, suit le parcours qui a mené des jeunes rebelles de mai 68, au féminisme, jusqu’à la formation du FHAR (le Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire). C’est aussi l’occasion pour rendre hommage à deux figures éminentes de ce mouvement, l’écrivaine et féministe de la première heure Françoise d’Eaubonne (récemment disparue), et le beau révolté, Guy Hocquenghem. Trop longtemps oublié, suite à ses attaques contre l’intelligentsia mitterrandienne des années-fric, cet essayiste anticonformiste revient à la mode dans les années 1990 aux USA, grâce à l’influence que son œuvre exerce dans l’élaboration de la théorie queer. Selon le philosophe Didier Eribon, cette théorie, née dans les départements de gay studies des universités américaines et vite répandue partout dans le monde, « peut être considérée comme une redécouverte à la fois des questionnements politiques et théoriques du FHAR et des critiques d’Hocquenghem à leur égard ». Dans son Désir homosexuel, suivant les pas de Deleuze et Guattari, ainsi que de son père spirituel et ami de toute une vie, René Schérer, Hocquenghem veut faire sortir la sexualité du triangle œdipien freudien et se concentre sur une sexualité anale comme élément d’indifférenciation des deux sexes : « notre trou du cul est révolutionnaire », écrira-t-il.
Guy Hocquenghem était surtout persuadé que l’homosexualité ne pouvait pas se concilier avec une normalisation sociale. Ce qu’il ne pouvait pas imaginer, c’était l’arrivée d’un virus terrible qui allait, par une ironie tragique, normaliser au cours d’une quinzaine d’année les homos en les montrant dignes d’humaine compassion aux yeux de la société bien-pensante. Ce même virus qui allait le tuer à l’âge de 41 ans, alors même qu’il commençait un parcours littéraire prometteur.
Aujourd’hui, les théories d’Hocquenghem reviennent d’actualité. Une conception révolutionnaire, ou du moins rebelle, de l’homosexualité demeure possible dans un monde globalisé, qui a conformé les homos aux lois du tout-marketing et de l’ultralibéralisme. S’opposer à la fausse tolérance de certains politiques, critiquer les magouilles électorales d’un Sarkozy qui, malgré les beaux discours, garde dans son parti l’homophobe Vanneste, ou d’un Delanoë qui inaugure en grande pompe la place du réactionnaire pape Jean-Paul 2, militer pour les droits des transsexuels, restent parmi les objectifs d’une partie du mouvement LGBT qui demeure combative et vivace. Dans le documentaire en question, les deux auteurs ont choisi de mettre en relation le FHAR avec les Panthères Roses (« Gouines et pédés à l’offensive » est un de leurs slogans) et de comprendre les influences des jeunes hyper idéologisés d’antan, sur les militants, peut-être un peu plus désabusés, d’aujourd’hui.
Parue en 1986, La lettre ouverte à ceux qui sont passés du col mao au Rotary, de Guy Hocquenghem, montre un autre aspect de l’actualité de la pensée de cet écrivain. Le parcours des « nouveaux philosophes » giscardiens et des différents ténors du mitterrandisme sont examinés, entre souvenirs personnels des barricades de mai 68 et déclarations publiques, afin d'amorcer le portrait de l’élite d’une génération qui, en grande partie, a renié ses valeurs et qui est passée du pacifisme et des grands idéaux de cette jeunesse dorée au militarisme forcené, au soutien du nucléaire et du système ultra capitaliste. Guy Hocquenghem, lui, n’aurait pas été étonné de voir Kouchner dans le gouvernement Fillon/Sarkozy…
La révolution du désir – 1970, la libération homosexuelle
De Alessandro Avellis et Gabriele Ferluga. Sortie en Dvd le 23 juin chez Hystérie Prod.
Dossier de presse
On y retrouve le philosophe René Schérer, Catherine Deudon, photographe du MLF, Carole Roussopoulos, cinéaste militante, Joani Hocquenghem, frère de Guy, Marie-Jo Bonnet, historienne, les Panthères Roses et d’autres intervenants.
C’est en 1971 que les homos parisiens descendent dans la rue pour la première fois, osant ainsi prendre part, à visage découvert, à une manifestation publique. Les slogans : « Notre corps est politique ! », « Famille = pollution », « Prolétaires de tous les pays, caressez-vous ! ». En quelques années, on oublie les vieux refrains, du genre « pour vivre heureux, vivons cachés », et avec une grande liberté le mouvement du FHAR rend visibles les homosexuel/les en France.Le film se concentre sur la lutte croisée des homos et des féministes, qui venaient elles aussi de faire leur coming-out avec le naissant MLF (Mouvement de Libération des Femmes). Dans leurs discours politiques, les femmes et les homosexuels se retrouvaient sur un terrain commun, la libre disposition du corps, et luttaient ensemble contre l’archaïque système patriarcal, qui les opprimait.
Le moment déclencheur de la naissance du FHAR est représenté par le boycottage de l’émission de Ménie Grégoire sur RTL, en direct de la Salle Pleyel, le 10 mars 1971. Intitulée L’homosexualité, ce douloureux problème, l’émission vire très vite à la digression homophobe décomplexée, ce qui pousse les lesbiennes et les quelques homos présents, à se révolter et à attaquer la célèbre présentatrice, qui se voit obligée à prendre la fuite.
Suite au succès de cette action et à son écho médiatique, le groupe féminin qui s’était constitué est rapidement élargi par l’arrivée de nombreux homosexuels, ce qui va petit à petit donner de l’ampleur au mouvement et permettre pour la première fois un changement radical de la vision du « douloureux problème » par la société. Soudain, on pouvait être pédé et gauchiste, tout en accusant la pensée unique bourgeoise des « hétéro-flics ».
Le MLF et le FHAR naissent des cendres de Mai 68, tout en se révoltant contre ce mouvement machiste qui avait refusé les amalgames avec des instances de libération sexuelle. Il a fallu trois ans aux membres du FHAR pour retrouver l’esprit qui les avait animés sur les barricades du Quartier Latin ou dans la cour de la Sorbonne. Des militants plus jeunes, des intellectuels, des écrivains et des anarchistes rejoignent le mouvement. On y croise Daniel Guérin, Jean-Louis Bory et Françoise d’Eaubonne, qui organise les premières réunions.
Guy Hocquenghem rejoint le groupe en cours de route et en devient assez vite une figure emblématique, par la rigueur de sa pensée et par la cohérence de ses théories révolutionnaires. Le FHAR exprime une philosophie en rupture déclarée contre la société bien-pensante de l’époque : la sexualité homo, centrée sur l’anus, peut détruire les schémas freudiens simplistes et castrateurs. La différence des homosexuels va être revendiquée et va devenir un model alternatif au couple hétéro et aux divisions de genre imposées par la famille procréatrice.
La pensée du FHAR demeure aujourd’hui révolutionnaire et garde intact son esprit provocateur. Toute une partie des réflexions développées en ces années-là, ont été trop vite oubliées. La tendance normalisante du mouvement gay et le bouleversement causé par le fléau du Sida ont beaucoup contribué à cela.
Au travers des extraits d’archives vidéo de l’époque, des journaux du FHAR (L’antinorm, Le fléau social, Sexpol) ou de ses essais (Le Rapport contre la normalité, Trois milliards de pervers), on découvre la face cachée d’une révolution culturelle explosive qui a déchiré les clichés sexuels de toute une génération. Un nouveau langage a vu le jour (« phallocrate », « cellule familiale »), toutes les mœurs secrètes ou refoulées pendant des siècles, sont devenues sujets de débats philosophiques et d’analyses sociales : la prostitution masculine, les lieux de drague, le sexe en plein air, les orgies et l’amour avec des arabes ou avec des jeunes éphèbes. Les salles des Beaux-arts, où les militant/es se retrouvaient tous les jeudis soir, deviennent très vite un lieu de séduction et de consommation sexuelle immédiate, un lieu de libération.
La conséquence est que aussi vite les revendications et les priorités politiques changent. Au fil du temps, les lesbiennes du FHAR se rendent compte que leur parole est limitée et que les combats divergent : au-delà de la base commune de l’acceptation sociale de l’homosexualité, elles luttent contre les oppressions qu’elles subissent même en tant que femmes, alors que les garçons se concentrent sur une liberté sexuelle, déculpabilisée et revendiquée. La séparation semble inévitable et le FHAR s’éteindra à petits feux.
« Le FHAR a été un feu follet », affirme un des intervenants du documentaire. Malgré ce constat, ce mouvement anarco-libertaire a déclenché au tout début des années 1970 une véritable révolution des mœurs et un incontestable changement d’horizon politique des homos français.
• René Schérer, philosophe et professeur émérite à l’Université Paris VIII, confie pour la première fois ses mémoires et partage avec nous ses souvenirs de l’existence courte mais intense de son disciple, Guy Hocquenghem. Joani Hocquenghem, son frère, nous permet de découvrir les côtés les plus intimes de cet écrivain dont les œuvres, étudiées aux Etats-Unis dans le cadre de la Queer theory et des Gays studies, demeurent un peu oubliées en France. La cause de cet oubli remonte peut-être à sa Lettre ouverte à ceux qui sont passé du col mao au Rotary (1986), pamphlet où il osait critiquer l’intelligentsia parisienne des années Mitterrand. Anne Querrien, une des proches de Guy Hocquenghem, et Roland Surzur, son dernier petit ami, nous aident à esquisser le portrait de ce personnage-clef et à remettre en perspective ses écrits.
• Carole Roussopoulos, réalisatrice de films militants (FHAR 1971, dont les extraits ponctuent les propos des interviewé/es) et Anne-Marie Faure, cinéaste féministe, explorent avec nous la naissance de la vidéo, instrument qui a accompagné leurs luttes et a contribué à leur émancipation personnelle. Catherine Deudon nous explique à quel point son engagement féministe allait de pair avec sa passion pour la photo.
• Les moments marquants de la vie de Françoise d’Eaubonne, écrivaine récemment disparue, sont esquissés avec tendresse et nostalgie par ses proches, notamment Alain Lezongar, Marc et Magali Payen. Son humour reste vif dans l’évocation du célèbre commando saucisson ou dans les sourires de Marie-Jo Bonnet, historienne, ou d’Angelo Pezzana, un des fondateurs du mouvement gay italien, qui se souviennent de son engagement lors du sabotage du congrès de psychiatrie à Sanremo, en 1972. Un des amis de Françoise d’Eaubonne, André Piana, nous rappelle le rôle qu’elle a joué dans le combat féministe et dans celui des homos.
Le film, présenté en avant-première lors du dernier Festival des films gays et lesbiens de Paris, a reçu un accueil très chaleureux. Le public, nombreux, tous âges confondus, a participé au débat très animé qui a suivi la séance.
La révolution du désir est un film historiquement très intéressant car il raconte une histoire marquante qui a eu une grande importance sur l’évolution des mentalités par rapport à l’homosexualité, mais également sur l’avancée des droits de la communauté homosexuelle. Mais qui aujourd’hui connaît le FHAR ? Peu racontée, mal connue, encore taboue, l’histoire des homosexuel/les reste malgré tout encore assez cachée. L’histoire a une importance énorme pour le mouvement lui-même, qui est toujours « en construction » et qui doit, pour avancer, connaître et analyser sa propre histoire.