mercredi 13 juin 2007

Communiqué de presse

A presque 20 ans de la mort de Guy Hocquenghem, survenue en août 1988, sort en Dvd un documentaire qui retrace le parcours de cet écrivain militant et journaliste dans le premier Libération.

La révolution du désir – 1970, la libération homosexuelle de Alessandro Avellis et Gabriele Ferluga, suit le parcours qui a mené des jeunes rebelles de mai 68, au féminisme, jusqu’à la formation du FHAR (le Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire). C’est aussi l’occasion pour rendre hommage à deux figures éminentes de ce mouvement, l’écrivaine et féministe de la première heure Françoise d’Eaubonne (récemment disparue), et le beau révolté, Guy Hocquenghem. Trop longtemps oublié, suite à ses attaques contre l’intelligentsia mitterrandienne des années-fric, cet essayiste anticonformiste revient à la mode dans les années 1990 aux USA, grâce à l’influence que son œuvre exerce dans l’élaboration de la théorie queer. Selon le philosophe Didier Eribon, cette théorie, née dans les départements de gay studies des universités américaines et vite répandue partout dans le monde, « peut être considérée comme une redécouverte à la fois des questionnements politiques et théoriques du FHAR et des critiques d’Hocquenghem à leur égard ». Dans son Désir homosexuel, suivant les pas de Deleuze et Guattari, ainsi que de son père spirituel et ami de toute une vie, René Schérer, Hocquenghem veut faire sortir la sexualité du triangle œdipien freudien et se concentre sur une sexualité anale comme élément d’indifférenciation des deux sexes : « notre trou du cul est révolutionnaire », écrira-t-il.
Guy Hocquenghem était surtout persuadé que l’homosexualité ne pouvait pas se concilier avec une normalisation sociale. Ce qu’il ne pouvait pas imaginer, c’était l’arrivée d’un virus terrible qui allait, par une ironie tragique, normaliser au cours d’une quinzaine d’année les homos en les montrant dignes d’humaine compassion aux yeux de la société bien-pensante. Ce même virus qui allait le tuer à l’âge de 41 ans, alors même qu’il commençait un parcours littéraire prometteur.
Aujourd’hui, les théories d’Hocquenghem reviennent d’actualité. Une conception révolutionnaire, ou du moins rebelle, de l’homosexualité demeure possible dans un monde globalisé, qui a conformé les homos aux lois du tout-marketing et de l’ultralibéralisme. S’opposer à la fausse tolérance de certains politiques, critiquer les magouilles électorales d’un Sarkozy qui, malgré les beaux discours, garde dans son parti l’homophobe Vanneste, ou d’un Delanoë qui inaugure en grande pompe la place du réactionnaire pape Jean-Paul 2, militer pour les droits des transsexuels, restent parmi les objectifs d’une partie du mouvement LGBT qui demeure combative et vivace. Dans le documentaire en question, les deux auteurs ont choisi de mettre en relation le FHAR avec les Panthères Roses (« Gouines et pédés à l’offensive » est un de leurs slogans) et de comprendre les influences des jeunes hyper idéologisés d’antan, sur les militants, peut-être un peu plus désabusés, d’aujourd’hui.
Parue en 1986, La lettre ouverte à ceux qui sont passés du col mao au Rotary, de Guy Hocquenghem, montre un autre aspect de l’actualité de la pensée de cet écrivain. Le parcours des « nouveaux philosophes » giscardiens et des différents ténors du mitterrandisme sont examinés, entre souvenirs personnels des barricades de mai 68 et déclarations publiques, afin d'amorcer le portrait de l’élite d’une génération qui, en grande partie, a renié ses valeurs et qui est passée du pacifisme et des grands idéaux de cette jeunesse dorée au militarisme forcené, au soutien du nucléaire et du système ultra capitaliste. Guy Hocquenghem, lui, n’aurait pas été étonné de voir Kouchner dans le gouvernement Fillon/Sarkozy…
La révolution du désir – 1970, la libération homosexuelle
De Alessandro Avellis et Gabriele Ferluga. Sortie en Dvd le 23 juin chez Hystérie Prod.

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